Un projet de développement qui fait l’unanimité

Un projet de développement qui fait l’unanimité

Trois membres de la Fédération Française Handisport ont passé une dizaine de jours à Mayotte. Et effectué la première session de formation dédiée aux associations sportives et structures recevant des personnes en situation de handicap. La première formation du genre, qui en appelle d’autres…

Jeudi dernier, deux jours après ses collègues salariés de comités départementaux de handisport Sylvain Reveaud et Hassan Hafssa, ce fut au tour de Ludovic Dabauvalle, directeur de la mission formation à la Fédération Française Handisport de rejoindre l’aéroport de Pamandzi et d’embarquer pour Paris. Les trois représentants de la FFH ont bouclé un déplacement à Mayotte couvert de succès. En effet, les stagiaires de la formation handisport se sont montrés particulièrement investis.

« La première pierre de cet édifice est en train d’être posée avec ces stagiaires tous motivés pour proposer des activités physiques et sportives aux personnes en situation de handicap et déficients sensoriels. Ces activités leur permettront de s’épanouir, de trouver des moyens de prolonger leur autonomie, d’avoir un échange avec un public valide… de prendre du plaisir et d’accéder, comme les autres, à des pratiques sportives diverses et variées », considère Ludovic Dabauvalle.

Ils étaient une vingtaine en tout, à participer à cette formation organisée par le Comité Régional Olympique et Sportif (CROS) de Mayotte. Parmi eux, des éducateurs et entraineurs d’associations sportives, des techniciens de ligues et comités sportifs, des salariés de structures sociales et médico-sociales accueillant des personnes en situation de handicap, ou encore des salariés du CROS.

« Même si sur le terrain, le projet handisport sera essentiellement développé par les clubs, les ligues et les comités, lorsqu’il y a des formations de ce genre, généralement le CROS en fait bénéficier ses salariés en les inscrivant. Ça sert toujours ! », assure Manon Darcel-Droguet, cheffe de service Sport, Santé et Bien-Être du CROS. « Par exemple, notre chargée de missions Street Workout qui a participé à la formation, pourra désormais encadrer des personnes en situation de handicap. Quant à Yasmina et moi-même qui sommes chargées du service Sport Santé et Bien-Être, avoir pris part à cette formation est le début d’un apprentissage qui pourrait, à long terme, nous permettre d’encadrer à notre tour les stagiaires mahorais lors de missions de formation handisport. Cela pourrait prendre beaucoup de temps, mais c’est l’idée en tout cas. »

Le Comité régional est à l’initiative et à la coordination de ce projet émergeant et ambitieux. C’est son dossier « Handisport – Ouvoimoja » transmis au Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) dans le cadre de l’appel à projets Impact 2024, qui a permis de financer cette mission de formation, mais également d’investir dans un certain nombre de matériel handisportif.

Le CROS Mayotte à l’initiative du projet

Du matériel divers et varié, allant des ballons de cécifoot aux handbikes, en passant par les sabarcanes, les jeux de boccia et autres fauteuils multisports. Pour Soazara Sulleman, présidente de la commission « Basket vivre ensemble » à la Ligue Régionale de Basket-Ball de Mayotte (LRBBM) et stagiaire de la formation handisport, le projet mené par le CROS Mayotte est l’occasion de croire à nouveau au développement de la pratique du handibasket, qui a un temps existé.

« Il y a beaucoup de raisons d’être satisfait de l’organisation de cette formation. Déjà à titre personnel, je n’avais absolument aucune idée de la façon dont on encadre les personnes en situation de handicap, de comment mettre en place des activités sportives pour ce public. Pendant une semaine, nous avons été formés et pu mettre en pratique et maintenant, j’y vois beaucoup plus clair. En ce qui concerne notre ligue, nous avions commencé à proposer des activités pour les retraités, les inciter à rester actifs à travers le basket-ball. Nous ferons de même pour les personnes en situation de handicap. J’espère qu’on pourra créer leur propre championnat. »

Partagée entre les locaux de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (pour la partie théorie) et les équipements sportifs de Cavani (pour la partie pratique), la formation handisport de la FFH a vu se mêler et travailler main dans la main les personnes valides et les personnes en situation de handicap. A l’instar de Mikdar M’dallah Mari, président d’honneur de l’association Handicapable de Mayotte, tétraplégique, et présent mercredi lors de l’ultime journée de formation. Celui qui a effectué le TMF (tour de Mayotte en fauteuil) et gravi le mont Choungui avec son association est heureux de voir le projet handisport se concrétiser.

« Cette formation est très bénéfique pour les personnes en situation de handicap, car elle nous permettra, à l’avenir, d’être accompagnés par des personnes compétentes et qualifiées. Elle est très bénéfique également pour les stagiaires qui l’ont suivi puisque ça leur apprend comment accompagner des personnes en mobilité réduite à pratiquer une activité physique ou sportive. »

« Cette formation nous permettra d’être accompagnés par des personnes compétentes et qualifiées », Mikdar M’dallah Mari, président d’honneur des Handicapables

Ce jeudi, le dernier représentant de la FFH a donc regagné l’hexagone. De leur côté, les stagiaires mahorais ont repris leurs missions et activités habituelles au sein de leur structure respective. Cependant, la première session de formation handisport n’est pas tout-à-fait terminée comme l’explique Ludovic Dabauvalle.

« A l’issue de cette session de six jours, je vais prolonger leur expérience de formation en les engageant à encadrer, régulièrement ou occasionnellement, un groupe de personnes en situation de handicap. Ils devront me faire le compte rendu de cette expérience d’encadrement pour envisager d’être certifiés et du coup, d’obtenir un diplôme délivré par la Fédération Française Handisport. J’espère que cette mise en action obligatoire pour obtenir la certification les engagera à mettre en place une activité régulière dans leur discipline, pour qu’enfin, des liens soient faits entre les personnes en situation de handicap – celles qui sont isolées et celles qui sont réunies dans les centres spécialisés – et les clubs sportifs. »

Dans tous les cas, après plus d’un an de prospection et de travail dans l’ombre aux côtés des acteurs et futurs acteurs, c’est une nouvelle étape que vient de franchir le CROS Mayotte dans la perspective d’une création de ligue. La future Ligue Mahoraise Handisport et Sport Adapté sera coordonnée par le CROS Mayotte et devrait proposer aux personnes en situation de handicap de nombreuses disciplines parmi lesquelles l’athlétisme handisport, la natation handisport, le handi-boxing, le cécifoot ou encore le handibasket. La LMHSA, ses premières actions, ses premières compétitions, sont attendues pour l’ouverture de la saison 2022/2023.

Si la structure voit le jour en août prochain comme prévu, cela ouvrirait la possibilité d’une première participation de handisportifs mahorais aux Jeux des îles de l’océan Indien, l’un des objectifs du CROS Mayotte. Les tout premiers licenciés de l’île auraient alors un an pour préparer les prochains JIOI, programmés à l’été 2023 à Madagascar. « Les Jeux des îles avec des handisportifs : ce serait un bel aboutissement, mais ce n’est pas la finalité du projet », rappelle Manon Darcel-Droguet. « L’objectif qu’il faut garder en vue est celui de développer le handisport à Mayotte. Les Jeux des îles ne sont qu’une des étapes de ce développement », conclut-elle.

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